« …… il avait la sensation de n’avoir jamais le temps de rien. Il disait souvent que si sept vies lui avaient été accordées, ces dernières ne se succédaient pas mais se tiraient la bourre et tentaient chacune de leur côté de s’imposer aux autres. Si bien qu’elles se mêlaient, entre-déchiraient pour au final s’autodétruire complètement et
n’aboutir qu’à une seule et même existence, courte et sans logique aucune. Il aurait aimé être peintre, musicien………..et pourquoi pas écrivain. Mais il est bien connu qu’à trop vouloir en faire,
on ne fait rien du tout. A la place de s’enrichir des expéri
ences passées et de progresser dans une direction, Michel avait l’impression de se débattre pour faire du surplace, de chaque fois devoir repartir de zéro.
C’est un peu pour ça, se justifiait-il, qu’il partait en couille, tous azimuts. Il courait ainsi désespérément après le temps. Il effectuait ses journées au
boulot tel un robot et, le soir venu, reprenait le cours de ces autres vies jusque tard dans la nuit. C’est vraiment crevant de devoir vivre ce rythme.
Alors pour tenir le coup, on se dope comme on peut et avec ce qu’on a. De l’alcool, de mauvaise qualité le plus souvent, des pétards à l’occasion. Mais toute cette merde laisse des marques sur le corps. On déambule alors au bureau tel un zombie. On a une sale gueule et le tain blafard, les yeux cernés de noir, les dents qui pourrissent vite…. »