Aarale BEN ARIE: là où l’est rencontre l’ouest (2)

Aarale Ben-Arie : là où l’Est rencontre l’Ouest (deuxième partie)
(un article ARTISTS PLANET paru dans le magazine METEOR)

Traditionnellement, les matériaux utilisés dans la fabrication des sculptures
sont le bois, le métal, l’or, la peinture, etc.

Au cours de ses expérimentations conceptuelles, Aarale a longtemps entretenu une relation particulière aveaaraleec les bois de tous types et de tous poids, s’appliquant à examiner leurs propriétés physiques afin de pouvoir formuler de nouveaux concepts esthétiques. En langage moderne, le bois est devenu pour le sculpteur un objet d’art à part entière, sans séparation entre image et surface. Ses recherches approfondies l’ont mené au point où la transformation du bois est devenue à la fois le sujet et l’objet de son art.

Même si l’objectif principal du travail d’Aarale est d’examiner des modèles de pensée qui explorent l’essence du langage artistique, il est possible avec l e recul de considérer, en termes iconographiques en particulier, les codes proposés dans son discours sur la nature et sur la validité de la représentation comme des moyens de vérification empirique. Parmi ces codes, on retrouve l’expérience de la nature, l’expérience artistique extraordinaire et une expérience esthétique forte impliquant physiquement les spectateurs dans leur environnement.

Le Chameau d’or (The Gold Camel), par exemple, véhicule cette méthode de codage, qui juxtapose une structure intellectuelle et un style expressionniste. Cette œuvre a un
e valeur nostalgique positive, renvoyant le spectateur à des paysages d’Egypte, d’Israël, et d’autres lieux du Moyen-Orient. Ici, comme ailleurs, l’artiste utilise ses premières rencontres avec ces lieux comme matériaux pour sa sculpture.

Les matériaux et anti-matériaux utilisés par Aarale Ben-Arie évoquent la relation hiérarchique entre le bois et l’or. La brillance de l’or lui confère un statut supérieur qui contraste avec le côté terne du bois, matériau de statut inférieur. C’est une vision autoritaire, forte, une source d’unicité et d’union entre l’individuel et le collectif. Le Chameau d’or symbolise ainsi les voyages d’Aarale entre l’espace et le temps tandis que les topographies se transforment en hiérarchies entre conquis et conquérants, exploités et exploitants. De la même façon, ses œuvres font référence aux conquêtes coloniales d’Europe et du Moyen-Orient, à l’impérialisme et aux frontières définies de manière artifiaaralee2cielle.

Une autre dynamique opère dans les sculptures Hh kat, Eesh et The One (L’élu). Elles invitent le spectateur à pénétrer dans le monde intérieur d’Aarale, tout en lui refusant de pouvoir y accéder totalement. Les objets nous permettent de voir mais pas de toucher, préservant ainsi une certaine distance entre notre présent et le passé évoqué par ces œuvres, un passé qui ne peut être réellement présent pour l’artiste que pendant le processus de création.

Peut-être ne pourrons-nous jamais vraiment appréhender la distinction entre sujet et objet, activité et passivité, et ne faire qu’un avec l’histoire t
elle que nous essayons de nous la rappeler ou de nous la représenter. Aarale Ben-Arie utilise ses hiéroglyphes pour agrémenter ses recherches et exprimer l’unité, les correspondances et les échos sous-jacents, à travers le temps et l’espace infinis de cultures et de civilisations différentes, chacune avec ses secrets codés. En faisant cela, l’artiste déambule aux frontières d’un autre espace, une zone spirituelle qui le fascine et qu’il partage finalement avec nous, tentant avec grand talent de nous rapprocher de l’essence de la vie, de la nature et du cosmos.

Dr Shirat-Miriam SHAMIR (Docteur en Arts et commissaire d’exposition), paru dans le magazine METEOR

 

Aarale BEN ARIE: là où l’est rencontre l’ouest (1)

Aarale Ben-Arie : là où l’Est rencontre l’Ouest (première partie)
(un article ARTISTS PLANET paru dans le magazine METEOR)

Aarale Ben-Arie appartient à ce cercle grandissant d’artistes qui explorent plutôt que ne concluent, qui préfèrent expérimenter plutôt que chercher à inscrire des idées arrêtées. Les œuvres présentées au public sont souvent pensées pour être des pièces éphémères, rendant compte du processus de fabrication artistique et d’emploi de matériaux, plutôt que rapportant les plaisirs d’une expérience esthétique.

Sculpteur et peintre israélien, Aarale (Aaron) Ben Arie est né en 1955 à Haïfa. Il vit aujourd’hui à Tzafririm, un moshav situé non loin de Jérusalem.

Autodidacte, il choisit d’étudier auprès d’artistes et d’artisans ; il apprend artists-planet-meteor-magazine-6-copie

notamment de potiers et de menuisiers de Gaza et d’Hébron. Il se met à sculpter le bois, il reconstitue des outils antiques et crée des ateliers de travail.

On peut dire de lui qu’il est un créateur d’expériences.

Tout au long de sa carrière, Aarale Ben-Arie a principalement créé des sculptures, à la fois miniatures et monumentales, pour des environnements ruraux et urbains, pour des espaces privés et publics en Israël et à l’étranger.

Ses œuvres se situent à la frontière entre illustrations naturali stes et silhouettes abstraites, bandes dessinées et hiéroglyphes, représentations en deux et trois dimensions.

L’exposition Là où l’Est rencontre l’Ouest (Where East Meets West), présentée en 2007 à la Galerie Heppaecher en Allemagne, a rassemblé trente sculptures en bois et en métal s’inspirant d’une expérience à la fois politiquartists-planet-meteor-magazine-7-copiee et culturelle du Moyen-Orient. Ces sculptures hiéroglyphiques, de 25 à 30 centimètres de hauteur chacune, ont été réalisées en Israël à partir d’étain, de cuivre, de cuivre doré et de bois.

Pour l’occasion, une semaine avant le début de l’exposition, l’artiste avait même réalisé une nouvelle installation de grandes sculptures en bois.

Ces œuvres donnaient, en substance, une synthèse du travail effectué par l’artiste, au cours des trois années précédentes, des thèmes et des styles qu’il utilisait de manière récurrente.

Mélange de passion et de logique, ces sculptures en bois et en métal représentent, dans la carrière d’Aarale, un changement de direction.

Si sa quête d’inspiration sptelechargement-2irituelle est née de sa découverte des richesses de l’Egypte ancienne, l’artiste a toutefois puisé la plupart de ses sources de création dans des cultures plus proches de lui, principalement en Israël.

Ce ne sont pas les monuments architecturaux colossaux historiquement associés à ces civilisations antiques qui ont captivé l’imagination de Ben-Arie, mais les concepts transcendantaux qui y sont profondément ancrés. Les hiéroglyphes, les mythes et les légendes donnant de l’univers une interprétation séculaire ont ouvert à Aarale un passage, duquel ont émergé ses sculptures contemporaines.

Créer des œuvres de petite taille, et les reproduire ensuiteimages-5 à plus grande échelle pour les présenter dans des environnements vastes lui a permis de dépasser ses limites et de réaliser à ce jour quelques-unes de ses plus belles créations.

A suivre

Dr Shirat-Miriam SHAMIR (Docteur en Arts et commissaire d’exposition) paru dans le magazine METEOR

 

Le Musée italien: au cœur de Jérusalem (2)

 LE MUSÉE ITALIEN : UN LIEU DE DÉPAYSEMENT AU CŒUR DE JÉRUSALEM (2)
(UN ARTICLE ARTISTS PLANET PARU DANS LE MAGAZINE METEOR)

En 2010, plutôt par hasard, je suis tombée sur une annonce concernant la rénovation et la réouverture du musée italien de Jérusalem. Ces quelques lignes ont suffi à susciter ma curiosité. Je me suis donc dit que, la prochaine fois que j’irais en ville, j’en profiterais pour descendre la rue Hillel et visiter ce musée.

La deuxième salle est réservée aux tissus. C’est ici que les plus grands

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changements ont eu lieu. Le joyau des nouvelles acquisitions est un très beau revêtement rouge pour la Tora. Sur le mur, une installation vidéo montre au visiteur les multiples phases nécessaires pour rendre à ce revêtement, au départ plutôt abîmé, sa beauté d’origine. Les images transmettent non seulement le savoir-faire qu’une telle conservation nécessite, mais aussi la passion et la patience qui se cachent derrière chacune de ces étapes.

La troisième salle contient des œuvres en bois. Le visiteur y trouve u
ne arche sainte du 17e siècle de San Daniel del Friuli, une communauté près de Trieste en Italie. Cette œuvre présente l’intérêt particulier d’être l’ouvrage d’un artiste juif alors que les arches étaient généralement commandées chez des artistes non-juifs. En effet, il était normalement interdit aux Juifs d’apprendre ou d’exercer un métier artisanal.

La dernière salle est consacrée aux parchemins et aux contrats de marartists-planet-meteor-magazine-2iage, décorés à la main. Mais les pièces les plus surprenantes et les plus intéressantes sont les lettres écrites par Théodore Herzl. Adressées à Félice Ravenna, un des dirigeants de la Fédération sioniste italienne, ces lettres donnent un compte rendu des entretiens de Théodore Herzl avec le pape et le roi d’Italie.

C’est Umberto Nahon qui a rassemblé, dans les années 60, la collection du musée, en coopération avec les communautés juives d’Italie et d’Israël. Les objets réunis ont été conservés dans une pièce adjacente à la synagogue jusqu’en 1981, date à laquelle le musée a été fondé. Le ministère israélien de la Culture n’a reconnu le musée qu’un an plus tard, après certains changements.

Dans ce lieu, le visiteur est entraîné vers un autre monde, dans une atmosphère de beauté, d’antiquité, jusque dans les détails.

Nicole SURKES  (www.artists-planet.eu– Paru dans METEOR MAGAZINE

 

Le Musée italien: au cœur de Jérusalem (1)

Le musée italien : Un lieu de dépaysement au cœur de Jérusalem (1)
(un article ARTISTS PLANET paru dans le magazine METEOR)

En 2010, plutôt par hasard, je suis tombée sur une annonce concernant la rénovation et la réouverture du musée italien de Jérusalem. Ces quelques lignes ont suffi à susciter ma curiosité. Je me suis donc dit que, la prochaine fois que j’irais en ville, j’en profiterais pour descendre la rue Hillel et visiter ce musée.OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Au premier étage d’un bâtiment qui hébergeait, dans le temps, l’Institut catholique allemand, proche de la porte de Jaffa, se trouvent la synagogue Conegliano Veneto et le musée Umberto Nahon, plus communément nommé le musée italien.

En 1952, la synagogue avait été transportée intégralement de Conegliano, un village italien situé entre Padoue et Venise, à Jérusalem. Elle n’était plus utilisée depuis le début du 20e siècle, à la suite du départ de la population juive.

Des inscriptions révèlent que sa construction avait commencé en 1701 pour être achevée en 1719.

Bâtie dans le style baroque, en grande partie en bois doré, elle est très pittoresque et mérite vraiment le détour.

Après avoir franchi la grille d’entrée, le visiteur entre dans un petit couloir qui sépare la synagogue du musée. A droite de l’entrée, se trouve le musée, composé de quatre salles. Les objets exposés datent, pour la plupart, des périodes baroque et rococo. Il y a aussi quelques œuvres plus récentes. Elles représentent à merveille la culture juive italienne. Chaque salle contient des pièces presque toutes liées aux rites juifs.

Dans la première salle, les ornements sont en métal. La plupart des objets de cette collection servent à décorer la Tora. Une couronne ornée de canons frappe le visiteur. Elle a été réalisée en 1949 par des Juifs du Piémont, en l’honneur du roi Carlo Alberto qui leur avait accordé l’émancipation et qui, pour cette raison, jouissait de leur admiration. Une autre couronne, moins élaborée, est datée de 1685. Elle est probablement parmi les premières couronnes de Tora.

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Nicole SURKES  (www.artists-planet.eu– Paru dans METEOR MAGAZINE

 

Menashé KADISHMAN: une histoire de moutons

Menashé Kadishman, une histoire de moutons
(un article ARTISTS PLANET paru dans le magazine METEOR)

Depuis son décès en mai 2015, les portraits de moutons de Menashe
KadishmKadishan – caractéristiques de son travail – peuvent être vus dans la quasi-totalité des galeries du pays. Pourtant, il y a environ dix ans, ses œuvres avaient été unilatéralement retirées des vitrines des galeries d’Israël. A l’époque, on pensait que de nombreux faux circulaient et Kadishman avait pris la décision de retirer ses œuvres du marché de l’art israélien durant cinq ans.

Kadishman lui-même affirmait que sa carrière artistique n’avait pas commencé avec des moutons, mais avec un arbre. Il en peignit un sur le mur du musée d’Israël à l’occasion de son 25e anniversaire.

Son art ne connut pas immédiatement la reconnaissance et le succès. Mais le jeune artiste ne se laissa pas décourager pour autansans-titre-6t et continua ses expérimentations sur le thème de la nature et de l’art en exposant des arbres décorés et des sculptures au milieu de la forêt, comme à Montevideo en Uruguay, puis à Central Park à New York.

Il alla plus loin dans son art avec les Negative trees (Arbres en négatif), qu’il exposa au Lac Berta , à Duisbourg en Allemagne.

Plus tard, Menashe Kadishman abandonna les arbres et la forêt pour se consacrer aux feuilles. Son installation Shalechet (Les Feuilles mortes) représente des visages à la bouche grande ouverte, comme Le Cri de Munch. Elle est située dans l’un des espaces vides du bâtiment de Libeskind du Musée juif de Berlin, où plus de 10 000 visages découpés dans de lourds disques d’acier recouvrent le sol. Ces visages ont vocation à rappeler aux visiteurs les victimes innocentes d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Kadishman naît en 1932 à Tel Aviv, en Palestine sous mandat britannique. Il se voit comme un pionnier et devient berger dans un kibboutz. Il entame ensuikadte une carrière artistique en étudiant la sculpture avec Rudi Lehmann et Moshe Sternschuss.

Plus tard, il s’installe à Londres, où il poursuit ses études à la Saint Martins School of Art et à la Slade School of Fin
e Art. Il reste 12 ans en Angleterre, où il expose pour la première fois des sculptures crues et imposantes qui traduisent sa perception d’Israël.

Même après son retour en Israël, il réalise de nombreuses expositions en Amérique et en Europe. Il représente ainsi son pays à la Documenta de Cassel en 1968, et en 1978 à la Biennale de Venise où, revenant à son sujet de prédilection, il transforme son stand en étable et lui donne vie avec des moutons exposés en chair et en os.

Il reçoit le prix Israël en 1995.

Nicole SURKES  (www.artists-planet.eu) – paru dans le magazine METEOR